Mutuelle santé : la facture grimpe encore, comment s’en sortir en 2025 ?
Après des hausses brutales de 8% en 2024, les complémentaires santé prévoient une nouvelle augmentation de 6% cette année. Entre transferts de charges et vieillissement de la population, les Français voient leur budget santé exploser.
C’est un coup de massue annuel qui frappe désormais les ménages français avec la régularité d’un métronome. Après celle de 8% en 2024, les complémentaires santé à statut mutualiste vont augmenter de 6% en 2025, selon l’enquête de la Mutualité française. Une tendance qui s’accélère : depuis 2018, les tarifs ont bondi de près de 50%, contre 19% pour l’indice des prix à la consommation.
Pour un couple de seniors de 65 ans payant 240 € par mois en 2024, la douloureuse grimpe de 158 € supplémentaires cette année. Les experts en actuariat s’accordent à dire que la situation de hausse en santé individuelle comme collective va devenir la norme. Ils anticipent une dérive annuelle de l’ordre de +5% à +6%, contre +2% à +3% pour les millésimes précédents.
Quand l'État se défausse sur les mutuelles
Cette spirale infernale trouve ses racines dans une stratégie gouvernementale de plus en plus assumée : faire payer aux mutuelles ce que l’État ne veut plus financer. Les mutuelles ont anticipé d’éventuelles hausses de charges, longtemps discutées pour le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS). Bien que censuré avec le gouvernement Barnier, ce budget prévoyait un désengagement massif de l’Assurance maladie.
L’Assurance maladie abaisse son seuil de remboursement de 5% sur les consultations médicales. Les complémentaires ont alors estimé qu’elles devraient supporter autour de 900 millions d’euros supplémentaires sur l’année. Un transfert de charges qui transforme les mutuelles en variable d’ajustement budgétaire.
L’arme fatale du vieillissement
Au-delà des tours de passe-passe comptables, un phénomène structurel alourdit mécaniquement la facture. Le vieillissement de la population : une proportion croissante de personnes âgées entraîne un accroissement des soins médicaux, des hospitalisations et des traitements coûteux.
Les personnes âgées font face à des restes à charge finaux presque trois fois plus élevés que ceux des plus jeunes : 590 euros annuels, en moyenne en 2019, pour les ménages au sein desquels la personne la plus âgée a 70 ans ou plus, contre 206 euros annuels pour ceux dont les membres ont moins de 40 ans.
Le dispositif « 100% Santé », censé améliorer l’accès aux soins, aggrave paradoxalement la situation. L’extension du « 100% santé » aux prothèses capillaires et aux fauteuils roulants est également annoncée, creusant encore davantage le déficit des organismes complémentaires.
La CSS, bouée de sauvetage méconnue
Pour protéger sa santé sans se ruiner, une solution demeure largement sous-exploitée : la Complémentaire Santé Solidaire (CSS). Elle couvre 11% de la population (7,4 millions de personnes en 2022), et seules 56% des personnes éligibles y ont effectivement recours. Un gâchis considérable.
Le plafond d’attribution de la Complémentaire santé solidaire 2025 est de 862 €/mois pour une personne. Pour ceux qui dépassent légèrement ce seuil, une CSS avec participation financière (« CSS payante »). Le montant de la participation financière de la CSS est calculé en fonction des conditions de ressources, d’une part, et de l’âge de chacun des membres du foyer, plafonnée à 30 € mensuels pour les seniors.
Un spécialiste que nous avons interrogé confie : « Beaucoup de mes clients retraités ignorent leurs droits. Ils continuent de payer 200 € par mois alors qu’ils pourraient bénéficier de la CSS à 1 € par jour. »
Stratégies de résistance
Pour échapper à cette spirale, plusieurs leviers existent. Accepter une franchise annuelle peut réduire significativement le montant de la cotisation. Cette option est intéressante si vous consultez peu.
La mise en concurrence reste l’arme fatale de l’optimisation. Un comparateur d’assurance santé peut vous aider à sélectionner la meilleure mutuelle qui propose un bon rapport qualité/prix ! Cet outil gratuit permet de réaliser d’importantes économies.
Un expert en assurance que nous avons rencontré recommande : « Révisez vos garanties tous les ans. Avez-vous vraiment besoin d’une couverture optique à 400% si vous ne portez pas de lunettes ? » Cette remise en cause systématique peut générer des économies substantielles.
Vers un système à deux vitesses ?
L’absence de complémentaire santé est plus fréquente parmi les personnes les plus précaires. Elle concerne 12% des personnes de 15 ans ou plus appartenant au premier dixième de niveau de vie. Une fracture sanitaire qui ne cesse de se creuser.
La résiliation facilitée, possible depuis la loi du 14 juillet 2019 et la résiliation infra annuelle, il est possible de résilier son contrat de mutuelle à tout moment, sous réserve que ce dernier ait été souscrit depuis plus d’un an, offre heureusement une soupape de sécurité aux assurés.
Face à cette inflation galopante, « Nous comprenons que les personnes s’interrogent sur cette augmentation. Mais celle-ci se fait au niveau strictement nécessaire pour pérenniser la protection de tous », assure Éric Chenut, président de la Mutualité française. Une explication qui peine à convaincre les ménages confrontés à cette réalité budgétaire implacable.
L’année 2025 s’annonce donc comme un nouveau test de résistance pour les finances familiales, dans un contexte où la santé devient progressivement un luxe que tous ne pourront plus s’offrir.